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L’Académie de médecine vient de publier un rapport intitulé « De la bientraitance en obstétrique. La réalité du fonctionnement des maternités », écrit par René Charles RUDIGOZ, Jacques MILLIEZ, Yves VILLE et Gilles CREPIN.
Ce rapport dresse un constat précis de l’évolution de l’obstétrique et des maternités en France depuis la fin des années 1970 en détaillant toutes les évolutions qui ont impacté la prise en charge obstétricale, qu’elles soient d’ordre législatif, organisationnel ou sociétal.
Si les auteurs reviennent sur un bilan jugé très positif en termes de sécurité, ils ne manquent pas de souligner la disparité des pratiques (césariennes, déclenchement, utilisation de l’oxytocine durant le travail, extractions instrumentales, épisiotomies, accompagnement humain) et ce, malgré les recommandations pour la pratique clinique (RCP) en vigueur.
Les auteurs détaillent toutes les doléances exprimées par les femmes et estiment notamment que les défauts dans la qualité de prise en charge pourraient « entraîner des perturbations psychologiques majeures analogues à un état de stress post-traumatique (SPT) qui nécessitera une prise en charge psychosomatique complexe (…) qui toucherait près de 5% des patientes. »
Le rapport insiste également sur la nécessité d’individualiser les parcours et sur l’importance de l’écoute qui doit être accordée aux femmes enceintes et à leur entourage.
Si la plupart des constats formulés par l’institution sont partagés par le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes, on peut souligner que les auteurs méconnaissent le fonctionnement des maisons de naissance puisqu’ils jugent que la création de « maisons de naissance isolées, sans lien géographique et fonctionnel avec un établissement classique » constituerait un danger. Or, une maison de naissance, qu’elle soit accolée ou non à une maternité, a systématiquement des liens à la fois géographiques et fonctionnels avec un, voire plusieurs établissements de santé et ne peut donc être « isolée ». On peut également souligner que la sécurité y est garantie.
Il est intéressant de noter le positionnement en faveur de la physiologie des auteurs, ceux-ci appelant à une évolution du fonctionnement des salles de naissance « où doivent pouvoir coexister des modalités de prise en charge différentes en favorisant la mise en place de secteurs « physiologiques », pour les patientes à bas risque, moins médicalisés (…). »
L’Académie insiste également sur la nécessaire évolution des effectifs en salle de naissance, notamment pour les sages-femmes : « L’amélioration des conditions humaines de l’accouchement nécessite, de la part des soignants, une plus grande présence et partant plus de personnel, surtout si l’on veut s’approcher de la situation idéale, en salle d’accouchement de la présence d’une sage-femme pour chaque femme en travail. Ce point réglementaire fondamental doit faire l’objet de discussion entre équipes médicales et directions d’établissements. Compte-tenu des enjeux financiers, professionnels et usagers devraient faire cause commune avec la participation des sociétés savantes afin d’obtenir gain de cause. »
Ce rapport détaille sans détours et sans complaisance les carences du système actuel et participe ainsi à l’objectivation du phénomène des « violences obstétricales ». Les recommandations émises par l’Académie, après celles du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, constituent ainsi un élément supplémentaire appelant à une évolution nécessaire de la prise en charge des grossesses et des accouchements en France.
Considérant :
– La nécessité d’offrir une sécurité optimale à la mère et à l’enfant à naitre, – Le bénéfice indiscutable des procédures de prises en charge et des technologies modernes dans l’amélioration et les résultats et des conditions de la naissance,
– L’obligation de disposer de professionnels de santé compétents et rigoureux en nombre suffisant,
– L’importance capitale de l’écoute des femmes enceintes et de leur entourage pour que la naissance demeure, à tout moment, y compris en cas d’urgence, un événement heureux et réussi.
– Le danger de créer des maisons de naissance isolées, sans lien géographique et fonctionnel avec un établissement classique
– La disparité possible des prises en charge entre les maternités
L’Académie nationale de médecine recommande :
1. Améliorer la formation initiale et continue des soignants à l’information et au respect de l’autonomie des femmes enceintes.
2. Respecter la réalisation de l’entretien prénatal précoce au 4eme mois, promouvoir l’élaboration d’un projet de naissance et proposer des prises en charge adaptées à la situation médicale et aux attentes de chaque couple.
3. Inciter les maternités à mettre leurs pratiques en conformité avec les différentes recommandations pour la pratique clinique (RPC) et en informer les femmes.
4. Optimiser la prise en charge de la douleur en obstétrique par un engagement et un suivi spécifiques figurant dans la charte de l’établissement.
5. Etablir et respecter les normes des effectifs des personnels en salle de naissance
6. Evaluer les résultats des maternités en continu et les rendre accessibles au public