Recherche par mots clés
Recherche par mots clés
Mes chères consœurs, mes chers confrères,
Notre pays traverse aujourd’hui une épidémie sans précédent qui affecte la population dans son ensemble, désormais unie et solidaire pour saluer et remercier les soignants, en première ligne pour lutter contre cette pandémie.
Tout comme notre profession a su, au cours de la dernière décennie, s’adapter aux évolutions de notre société et répondre présente lorsque de nouvelles compétences lui ont été octroyées, vous avez su vous organiser, quel que soit votre mode d’exercice, afin d’assurer au mieux la continuité des soins de vos patientes.
Je tiens à vous dire tout mon respect, toute ma reconnaissance mais aussi toute ma fierté : notre profession assume une fois de plus ses multiples missions et ce, malgré les nombreuses contraintes imposées par la crise. Suivi de grossesse, accouchement, post-partum, suivi gynécologique et IVG médicamenteuse : les sages-femmes maintiennent ces activités, essentielles à la santé des femmes.
Mon admiration va également aux femmes qui deviennent ou vont devenir mère pendant cette période : l’arrivée d’un enfant est un événement majeur et la situation sanitaire actuelle bouleverse leurs attentes, ajoutant à des moments qui devaient être heureux des épisodes anxiogènes. Je tiens à leur dire que les sages-femmes restent mobilisées pour répondre à leurs attentes, leurs questions et leur inquiétude.
Le dévouement des professionnels de santé ne peut cependant masquer les failles de notre système, exacerbées par la crise. Cette crise confirme, s’il le fallait, que la santé n’a pas de prix : notre pays paye collectivement les frais de la logique de rentabilité qui s’est imposée depuis déjà longtemps dans nos politiques de santé.
Aujourd’hui, force est de constater que notre système sanitaire repose sur les soignants qui, jour après jour, confrontés au pire, font preuve d’une abnégation et d’un dévouement sans faille, les seules armes en capacité de répondre à la crise inédite que nous traversons.
Si les sages-femmes s’illustrent tous les jours sur le terrain, elles restent cependant peu visibles. Cette invisibilité pénalise les femmes qui pourraient être suivies par notre profession mais méconnaissent son rôle.
Seulement 6 masques chirurgicaux par semaine sont octroyés aux sages-femmes libérales alors qu’elles ont notamment pour consigne de suivre les femmes COVID +. Comment peuvent-elles assurer cette mission ? L’organisation ville-hôpital est encore trop souvent dysfonctionnelle et tend toujours à éluder le rôle des sages-femmes.
Quotidiennement, je n’ai de cesse d’interpeller les pouvoirs publics afin de résoudre ces problèmes : les sages-femmes doivent être parmi les professionnels de santé prioritaires pour la distribution du matériel de protection ; des réponses doivent être apportées pour fluidifier le parcours des patientes : les établissements doivent se coordonner avec les sages-femmes libérales, tant pour le suivi de grossesse des patientes que pour leur sortie de maternité.
Si je sais pouvoir compter sur votre engagement, je continuerai à plaider sans cesse pour que votre rôle soit reconnu et valorisé, la périnatalité étant une priorité dont vous êtes des acteurs essentiels.
En ces temps de crise, je souhaite saluer votre investissement sans faille et vous renouveler tout mon soutien.
Anne-Marie Curat
Présidente du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes