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Dans le cadre du vote du Sénat pour la constitutionnalisation de l’IVG, le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes a écrit à tous les sénateurs afin de leur présenter les arguments en faveur d’un tel vote.
« Madame la Sénatrice, Monsieur le Sénateur,
Si l’histoire des droits fondamentaux est souvent présentée comme un progrès linéaire et irrémédiable, les droits sexuels et reproductifs des femmes ne sont jamais acquis. Le droit de recourir à l’avortement, premier de ces droits, est constamment menacé justifiant, ainsi de son inscription dans la constitution.
Nécessaires à l’autonomie et à l’émancipation des femmes, les droits sexuels et reproductifs sont fondamentaux pour garantir l’égalité entre les femmes et les hommes. A la fois politiques et personnels, miroirs de la société et de ses évolutions sociologiques mais aussi de l’intime, ces droits, même lorsqu’ils sont reconnus, sont souvent entravés par des obstacles et des résistances.
En France, la loi du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de la grossesse, dite « Loi Veil », a permis aux femmes d’avorter. Mais les attaques contre ce droit n’ont jamais cessé comme en témoigne la prolifération des mouvements anti-choix en France et en Europe, qui constituent une menace pour le droit des femmes. En 2013, le gouvernement espagnol a tenté de limiter le droit à l’avortement. Au Portugal, depuis 2015, les frais d’avortement ne sont plus pris en charge par l’Etat. Depuis 2017, en Italie, les contraceptifs ne font plus partie de la liste des médicaments que les pharmaciens doivent avoir en permanence en stock.
Ce combat historique pour garantir les droits fondamentaux des femmes s’écrit donc encore au présent. Chaque jour, les sages-femmes, répondant à leur mission d’accompagnement des femmes dans leur grossesse, quelle qu’en soit l’issue, s’engagent pour permettre l’accès effectif à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse sur l’ensemble du territoire. Cette mission se complexifie au regard de nombreux obstacles telles que les fermetures de nombreux centres d’orthogénie ou les ruptures d’approvisionnement des médicaments abortifs
C’est donc en tant que femme, sage-femme et présidente du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes que je vous demande, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, de garantir dans la Constitution cette liberté fondamentale, condition indispensable de l’émancipation des femmes.
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à cette lettre et vous prie d’agréer mes plus sincères salutations.
Isabelle Derrendinger
Présidente Conseil national de l’Ordre des sages-femmes »