Recherche par mots clés
Recherche par mots clés
Le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes se réjouit de constater que les Ministères concernés ont retenu 9 projets de maisons de naissance qui pourront fonctionner à titre expérimental. Après des années d’attente, la France voit enfin se concrétiser ce mode de prise en charge, répondant à la demande de nombreux couples.
Le 26 novembre 2015, l’arrêté fixant la liste des maisons de naissance autorisées à fonctionner de manière expérimentale a été publié au Journal Officiel. Sur les 11 projets de candidatures, 9 ont été retenus.
Si les maisons de naissance existent déjà dans de nombreux pays (Allemagne, Belgique, Suisse, Etats-Unis…), elles n’ont jamais été mises en place en France alors qu’elles ont fait leurs preuves en termes de satisfaction des usagers, de sécurité et de coût.
Au sein de ces structures, les femmes enceintes à bas risque pour leur grossesse et leur accouchement auront ainsi la possibilité de bénéficier d’un accompagnement global, qui associe une femme et une sage-femme.
L’Ordre des sages-femmes milite depuis des années pour la mise en place de ces structures qui permettront de diversifier l’offre de soins périnatale et répondront ainsi à la demande des femmes souhaitant une alternative à la prise en charge des grossesses et des accouchements actuellement proposée en France.
Les projets retenus :
Société civile de moyens CALM – Maison de naissance, à Paris
Association Premier Cri, à Vitry sur-Seine (Val de Marne)
Association Maison de naissance DOUMAIA, à Castres (Tarn)
Association La Maison, à Grenoble (Isère)
Association Le Temps de naître, à Baie-Mahault (Guadeloupe)
Association Joie de naître, à Saint-Paul (La Réunion)
Association Premières Heures au monde, à Bourgoin-Jallieu (Isère)
Association MANALA, Maison de naissance Alsace, à Sélestat (Bas-Rhin)
Association Un Nid pour naître, à Nancy (Meurthe-et-Moselle)
INTERVIEW DE MARIE JOSEE KELLER, PRESIDENTE DU CONSEIL NATIONAL DE L’ORDRE DES SAGES-FEMMES
Qu’est-ce qu’une maison de naissance ?
C’est un lieu d’accueil des femmes enceintes et de leur famille dans la mesure où la grossesse, l’accouchement et le post-partum restent dans le cadre de la physiologie, c’est-à-dire l’absence de pathologie. Les sages-femmes en assurent la responsabilité médicale, en toute autonomie et conformément à leurs compétences légales.
Les femmes pouvant y être admises sont au préalable sélectionnées et ne doivent présenter aucune pathologie et aucun risque avéré. Après l’accouchement, les femmes ne sont pas hospitalisées et rentrent chez elles quelques heures après, la sage-femme venant ensuite à leur domicile.
Les maisons de naissance sont en lien direct avec le service d’obstétrique d’un établissement de santé afin de favoriser une collaboration efficace, notamment en cas de transfert.
Par ailleurs, elles offrent une alternative permettant de respecter le choix des femmes qui souhaitent accoucher dans un environnement moins standardisé.
Ces structures sont prévues pour accueillir un nombre raisonnable de naissances par année, afin de lui conserver un caractère intime, familial et convivial.
Quel est le rôle des sages-femmes dans les maisons de naissance ?
A la différence d’une maternité, la maison de naissance repose sur un suivi personnalisé de la patiente : l’accompagnement global. Ce concept permet d’associer une femme à une ou deux sages-femmes pendant la grossesse, l’accouchement et après. Le jour de l’accouchement, la sage-femme connait ainsi parfaitement le dossier médical de sa patiente, ce qui représente une garantie supplémentaire de sécurité. Elle est également parfaitement informée de son projet de naissance, ses attentes ou ses craintes et peut ainsi l’accompagner de façon très personnalisée. Les femmes apprécient beaucoup cette relation de confiance qui se tisse avec la sage-femme et qui leur permet de vivre ces moments de façon très intime et respectueuse.
Pourquoi la France, à la différence de nombreux pays, a mis tant de temps à mettre en place les maisons de naissance ?
La naissance est un phénomène profondément émotionnel et personnel mais qui a également une dimension sociale, culturelle et historique. La France est un pays où l’hospitalo-centrisme est très marqué, il faut du temps pour que ce système évolue et que l’on puisse concevoir la naissance hors de la maternité. Parallèlement, le positionnement des sages-femmes représente un réel frein à l’émergence des maisons de naissance car malgré nos compétences et le caractère médical de notre profession, nous peinons à être reconnues. Certains regardent avec méfiance les maisons de naissance, structures où les médecins ne seront pas présents, alors que dans les salles de naissance des maternités, le principe est identique : la patiente ne voit un médecin qu’en cas de complication.
Ces structures sont-elles attendues ?
Les maisons de naissance répondent notamment à une demande fondée sur l’insatisfaction que ressentent certaines femmes par rapport à la prise en charge dont elles ont bénéficié. Plusieurs enquêtes ont été menées sur ce thème. Ainsi, une étude du CIANE (Collectif interassociatif autour de la naissance), conduite en 2012 révélait notamment que parmi les femmes ayant formulé des souhaits sur le déroulement de leur accouchement, 37% estimaient que leurs demandes n’avaient pas été respectées. Les souhaits exprimés, pourtant simples, portaient principalement sur la liberté de mouvement, un accompagnement personnalisé de la douleur et l’épisiotomie.
Nous savons que les maisons de naissance répondront aux souhaits de nombreux couples et nous espérons qu’elles auront un impact plus large, démontrant que les femmes ont le droit de formuler des choix, quels qu’ils soient, pour la prise en charge de leur grossesse et de leur accouchement.
Comment va se dérouler cette expérimentation ?
Cette expérimentation va durer 5 ans et une évaluation sera conduite par l’Agence Régionale de santé compétente après deux années de fonctionnement de chaque maison de naissance. En revanche, aucune autre maison de naissance ne pourra ouvrir ses portes durant cette période. Il faudra attendre la fin de l’expérimentation pour espérer voir ce mode de prise en charge se généraliser dans toute la France.